La mise à nu

English version below, after the cats!

Aujourd’hui, cette chronique est un peu spéciale, en effet elle entre dans un tableau plus grand: un Book Tour (je réponds aux question en commentaire ^^) organisé par Emma de France Book Tours (non ce n’est pas moi :p). C’est pourquoi la deuxième partie de l’article est une traduction en anglais (par la généreuse Emma) de mon avis et que la couverture est celle de la version anglaise à paraître!

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Jean-Philippe Blondel
Nombre de pages: 157
Dépôt légal: 01/2018
ISBN: 2283031389

Résumé:
Louis Claret est un professeur vieillissant qui habite en province. Séparé de sa femme depuis quelques années, ses filles vivant désormais des vies très différentes de ce qu’il avait imaginé, il se laisse bercer par le quotidien. C’est sans réfléchir et pour remplir une soirée bien vide qu’il se rend au vernissage d’une exposition de peintures d’Alexandre Laudin — un ancien élève, jadis très effacé mais devenu une célébrité dans le monde artistique. il ne se figure pas un seul instant à quel point ces retrouvailles vont bouleverser sa vie.
La Mise à nu parle de ce qu’on laisse derrière soi, au bout du compte. Des enfants. Des amis. Des livres ou des tableaux… Jean-Philippe Blondel évoque ce moment où l’on commence à dresser le bilan de son existence tout en s’évertuant à poursuivre son chemin.

Mon avis :
J’ai été charmée par ce livre. Pas tout de suite, avant la moitié du livre j’appréciais l’histoire, j’aimais bien les personnages mais sans plus, je ressentais la même chose pour l’écriture. Et à la moitié du livre à peu près, sans aucune raison apparente, sans que l’histoire ne prenne de tournant particulier, j’ai commencé à me délecter de ce livre et à beaucoup aimer Louis Claret en particulier, même s’il est difficile à cerner, en dépit de la narration faite de son point de vue et malgré les passages où il écrit dans son journal on n’arrive jamais trop à comprendre qui il est ou quel genre de personne il est. Notre quête est la même que celle d’Alexandre Laudin: découvrir la profondeur de ce personnage.

« laissez-moi vampiriser votre âme. »

C’est un de ces livres qui ne m’a pas emballé au début, puis que j’ai dégusté et qui au final ne m’a pas fait ressentir énormément d’émotions. J’en retiens un thème important, celui des relations humaines. Évidemment il y a celle de Laudrin et Claret, qui embrasse son ambigüité: « [Alexandre:] Venez, nous serons mieux dans ma chambre. -[Louis:] Pardon? ». Un vocabulaire amoureux est utilisé pour décrire cette relation pas du tout amoureuse (Louis se sent comme une « maîtresse délaissée », est jaloux…), et cela n’aide pas que Laudrin soit homosexuel et ait fantasmé sur Claret au lycée (rien de très anormal, Claret était son professeur préféré  et sa seule source de joie à cette époque) et l’a grandement mystifié; et en même temps Louis Claret voit souvent le peintre comme un enfant (il le compare plusieurs fois à ses filles) ou comme l’enfant qu’il était. En fait cette relation est une sorte de presque-amitié intime, naissant de la nécessité pour un peintre de divulguer l’âme de son modèle. Je la trouve plutôt touchante.
Ensuite il y a la relation entre Louis et les personnes qui ont marqué sa vie, dévoilée dans les parties journalistiques: son ex-femme, ses filles, un ancien camarade de classe/meilleur ami et plusieurs amis qui montrent l’accoutumance de Louis à se donner intimement à des hommes importants pour lui, …
Il y a aussi la relation d’Alexandre avec ses anciens camarades de classe et l’amertume qui lui reste de leur souvenir.
Le souvenir aussi est un autre thème de ce livre, la nostalgie surtout. On prend connaissance des regrets de chacun, des poids sur le cœur qui persistent, des endroits qui ont marqué la vie, des tournants cruciaux qui changent la vie.

L’écriture est lisse, pas dans le mauvais sens du terme mais bien lisse comme une pente enneigée le long de laquelle on glisse en luge. Ce n’est bien sûr pas un roman à rebondissement mais il n’a pas besoin de cela pour être plaisant, j’aime beaucoup l’humour et le désabusement de Louis Claret, qui est d’une bienveillance infinie. C’est un roman calme à lire un jour de pluie. La fin n’a pas de retournement éclatant ou de point d’exclamation retentissant mais ne laisse pas non plus sur la faim. J’ai particulièrement aimé la reprise des titres des chapitres à la fin (soulignés dans la citation), qui fait ressentir la proche conclusion.

« L’anthracite des roches. Le soufre des fleurs d’ajoncs. La terre ombrée. Le brun et l’incarnat des lichens. Et les nuages sur le bleu horizon. »

Je rajouterai en post-scriptum que le style de peinture d’Alexandre me parle beaucoup et est tout à fait dans mes cordes, pour cela j’adore les – courts – moments d’ekphrasis (description des œuvres).

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Ma note :

English

My review :

I was delighted by this book. Not from the get go though. During the first half of the book, I enjoyed the story, I liked the characters but nothing more than that, and same thing for the writing. But then about halfway of the book, for no apparent reason, and no particular turn in the plot, I began to be delighted by this book, and particularly love Louis Claret even though he is difficult to define, even if he is actually the narrator. Despite the passages where he writes in his diary, we never really understand who he is and what type of person he is. Our quest is the same as Alexandre Laudin’s: to discover the depth of this character.

« Let me suck the blood out of your soul. »

This is one of those books that did not appeal to me at first, but then I savored every word, even though ultimately, it didn’t touch me deeply. The most I got about it is the important theme of human relationships. Obviously the one between Laudrin and Claret, and its ambiguity: « [Alexandre:] Come with me, we’ll be more comfortable in my bedroom. » [Louis:] Sorry? « . A romantic vocabulary is used to describe this relationship which is not at all a love relationship. Louis feels « like a jilted mistress », and he is jealous. It does not help that Laudrin is a homosexual and that he fantasized about Claret in high school –nothing very abnormal in itself, as Claret was his favorite teacher and his only source of joy at that time– and was greatly mystified by him. At the same time, Louis Claret often sees the painter as a child — several times, he compares him to his daughters– or as the child he used to be. In fact, this relationship is almost like an intimate friendship, arising from the painter’s need to disclose his model’s soul. I find it rather touching.
Then there is the relationship between Louis and the people who have marked his life. This relationship is revealed in passages written in a diary style and in italics: about his ex-wife, his daughters, a former classmate/best friend, and several friends who reveal Louis’s addiction to give himself intimately to men who are important to him.
There is also Alexander’s relationship with his former classmates, and the bitterness he kept from his memory of them.

Memory is another theme of this book, especially nostalgia. We get to know everyone’s regrets, the persisting burdens on their hearts, places that marked them, and crucial turning points that changed their lives.

The writing is smooth, not in a bad sense, but smooth as a snowy slope for good sledding. This is of course not a novel with twists and turns, but it doesn’t need them to be pleasant. I very much appreciated Louis Claret’s humor, disenchantment, and his kindness without limit. It’s a quiet novel to read on a rainy day. There’s no dramatic or unexpected ending, but still, it is very satisfying. I particularly enjoyed the way the author repeated the titles of the chapters at the end (underlined in the quote). It helps the reader feel the conclusion is coming.

« The anthracite rock. The sulfur yellow of gorse bushes. The raw umber earth. The rose and brown of the lichen. And the clouds on the horizon blue. »

As a postscript, I can add that Alexander’s style of painting speaks to me a lot. It is totally up my alley. Because of that, I loved the short ekphrasis passages (description of a work of art).

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13 réflexions sur “La mise à nu

  1. Pingback: Exposed: tour quotations | France Book Tours

    1. Merci 🙂 C’est agréable d’avoir des retours sur son travail (je n’ai d’habitude pas de commentaires du tout ^^’)! Merci pour cette collaboration!

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